Méditer. Ouvrir son chantier de paix.
« tous les matins, (…) rester une demi-heure à l’écoute de moi-même. (…) une demi-heure de paix en soi-même » p. 35
C’est bien ce que j’ai voulu provoquer avec cette ouverture quotidienne de la chapelle… ouvrir un compagnonnage dans la présence tonifiante d’Etty. Et comme elle semble en conversation si libre avec dieu, cette chapelle me paraissait convenir si bien, à cette spirale d’accueil d’une croissance spirituelle.
« Faire entrer un peu de Dieu en soi. » p. 36
Ce qu’elle appelle Dieu ? Je vous demande pardon, mais moi, j’ai besoin d’enlever à dieu sa majuscule. J’appelle dieu l’énergie reliante, unifiante, l’indivisible, l’unité, l’univers…
« Faire entrer aussi un peu d’amour en soi » p 36
C’est drôle, cette histoire d’entrée… peut-être est-ce le résultat de son rapprochement avec Julius Spier ? Julius Spier, c’est ce thérapeute qui l’a encouragée à écrire ce journal. Peut-être expérimente-t-elle cette provenance d’un amour, cette nourriture relationnelle, et alors cette sorte de convocation à recevoir oriente son attention ? Il me revient comme j’avais été passionnée de constater qu’aussi bien Howard Buten que Boris Cyrulnik parlaient de la nécessité de l’amour comme condition préalable de l’écoute thérapeutique ; le thérapeute ne peut rien faire s’il n’aime pas, avant quoi que ce soit d’autre. Stanislaw Tomkiewicz disait ça aussi, et il disait qu’on ne pouvait pas le dire, qu’il aurait fallu parler d’amour, mais qu’on risquait gros à le faire… Et tous disaient que c’était la vertu foncière, préliminaire du thérapeute, mais qu’il n’était pas possible de l’enseigner, ni de l’imaginer dans un processus de recrutement professionnel… alors autant élaborer le transfert ! Enfin…
Dans cet extrait, elle laisse le monde, le vaste monde en plein désastre, entrer dans son champ d’attention.
« On cherche le sens de cette vie, on se demande si elle en a encore un. Mais c’est une affaire à décider seul à seul avec Dieu. » p 37
En lisant à voix haute, il me semblait qu’il lui était venu de penser ce « seul à seul », puis aussitôt d’y faire entrer dieu… De quelle solitude s’agirait-il, puisqu’elle veut faire entrer dieu ? En bonne éduquée Feldenkrais, j’aurais tendance à penser : cesser de mettre dieu dehors… laisser dieu où il est nécessairement… il n’y a sûrement rien à faire pour se relier… probablement à cesser de faire ce qui empêche de se sentir relié… Je me souviens d’une Véronique qui pleurait, il y a longtemps, en disant : c’est comme si dieu m’avait abandonnée… oui, je sais bien qu’un grand prédécesseur n’avait pas pu s’empêcher de gémir… et sans doute sommes-nous plus souvent qu’à notre tour traversés par ce sentiment de désertification… comment observer les manifestations de ce désert et remarquer les petits actes qui l’initierait ?
« rester humblement disponible pour que l’époque face de vous un champ de bataille » p 39
Être le tamis de cette guerre alentour, offrir le creuset d’une transcendance. Ne pas se détourner. Penser, y compris cet impensable. Être la vie qui tamise.
« On ne doit pas se perdre continuellement dans de grandes questions, être un champ de bataille perpétuel, il est bon de retrouver ses étroites limites personnelles entre lesquelles on peut poursuivre sa petite vie, consciemment et consciencieusement, mûrie et approfondie par les expériences accumulées dans ces moments presque « dépersonnalisés » de contact avec l’humanité entière » p.40
« la source vitale doit toujours être la vie elle-même, non une autre personne » p. 41
Ouvrir un champ de paix où vienne se ressourcer la vie.
S’appuyer en soi, à cet au-delà de soi qui serait la vie-même, s’ouvrir à l’autre sans lui demander de faire le travail à notre place. Déposer sa foi en soi-même comme en la vie même ?