Voilà, mes chéris… j’ai pas fini d’être à l’Ouest… non, mais c’est comme à Montréal, je reviendrai, encore et en corps… avec ou sans mon smoking bleu des mers… j’ai besoin de cette lumière !!! Au Québec, j’avais découvert… comment vous dire ? le poids du ciel ? la pression de la voute céleste sur mon crâne et à travers ma colonne vertébrale… vous avez déjà senti, ça : une force qui semble provenir d’en haut et qui vous traverse verticalement par le haut ? En Normandie aussi, j’ai pu ressentir ça parfois, sur l’immensité des plages du débarquement et l’été, ça peut même sembler presque terrassant, tellement ce qui descend du ciel paraît pressant et le sol… absorbant ? j’irai revoir ma Normandie, c’est le pays qui m’a donné… tant donné !
Moi, c’est en Bretagne que j’ai commencé à ressentir une… sympathie pour mes pieds !
Au début, quand je suis arrivée à Binic, je me suis promenée sur le sentier des douaniers – vous avez déjà longé les côtes d’Armor, à pieds ? ô merveilles !!! je n’ai pas arpenté l’intégralité du littoral costarmoricain, mais, un grand nombre de sentiers côtiers et je dois reconnaître que oui : en quelque sorte, je suis née là-bas à une nouvelle dimension de mon être-vivante.
Où sont les endroits où vous êtes re-né(e) ? où vous vous êtes ouvert à de nouveaux aspects de vous-même ? où vous avez pris conscience de votre être au monde ? où vous vous êtes mis à vous habiter plus intimement et à habiter plus vigoureusement le lieu dans lequel vous viviez ? Où sont vos viviers ? et quand avez-vous su que vous entriez en coïncidence avec l’un de vos viviers ?
Binic a été et reste pour moi un vivier majeur. Quand j’y suis arrivée, ce qui me surprenait le plus, c’était ce besoin de sautiller dès que je marchais sur ces crêtes au-dessus de la mer smaragdine. Vous savez, je suppose que dès qu’on outrepasse le 95D, la probabilité d’appartenir à la classe des coureurs d’élite s’amoindrit : je n’ai jamais été du genre qui sautille, trottine, pique un sprint. Certaines pondérations sont susceptibles de lester votre élan coursier, l’auriez-vous expérimenté ?
Bref ! quand je suis arrivée à Binic, j’ai constaté que sur les crêtes, entre la pointe des Roseliers et le vieux port de Saint-Quay, je me prenais systématiquement en flagrant délit d’accélération, je me mettais à cabrioler, et dès que la sente penchait un peu, je me laissais la dévaler en courant. Quel était cette élasticité de mes pieds à cet endroit du monde ? d’où, ces épousailles de la plante des pieds et de la voute terrestre ? d’où venait que mon bassin se suspendait autrement ? comment mes jambes pouvaient-elles s’avérer subitement aussi vivantes ? un kilomètre avant ou après ce périmètre repéré, je redevenais posée et tranquille. Il y avait quasiment un fragment précis de cette côte et vraiment juste au-dessus de l’eau, où ma cage thoracique semblait se gonfler d’une joie primesautière et où j’avais envie de gambader, où il m’était même impossible de marcher posément, où si je posais un pied, il fallait aussitôt que l’autre décollât et que je caracolasse.
Alors à présent que j’arrive au Sud, que vais-je donc apprendre ? comment ça va marcher ici ? je vais vous le raconter… et j’espère et mère méditerranée que ça nous aidera tous à sentir où nous sommes et si nous nous éveillons à cette terre qui nous porte et nous accueille, si cette hospitalité réciproque – la terre en nous, nous sur la terre – a… lieu et si lieu d’être il y a !
J’attends avec impatience ….
Je te comprends, Maryk. Moi aussi, je suis habitée par Binic. La côte m’attire; la mer, même froide, m’envahit de bien-être. Mais je ne savais pas, jusqu’à aujourd’hui, que ce que je cherchais en arpentant les côtes en vélo électrique (tout neuf celui-là !) c’est la terre et encore la terre ! Les vaches, ces rassemblements qui m’apaisent, pour qui « les grandes raisons du monde perdent de leur importance » ! Hé bien au détour d’une petite route, elles étaient là. J’avais pas prévenu. Elles m’attendaient. J’ai un peu trahi Binic aujourd’hui pour….. Pordic.
Maryk .En février dernier , j’ai emprunté ces chemins cotiers , en venant de Plourhan et en allant vers Binic et Saint Quai Portrieux , lors d’une course appelée « Trail Glazig ».
Et alors ? ça te parle ce que je raconte là ? et toi, qu’en dirais-tu, de l’expérience de courir sur ces chemins côtiers ?
Courir Non, mais t’attendre là où l’on trouve le chaland. oui, j’adhère !
Mais qu’est-ce qui ferait courir Simone ?
2014 peut-être ?? Janvier, c’est possible ! Enfin, courir…. je me comprends !!
j’ai toujours été admirative des coureurs à pied , dont l’effort ‘a longtemps paru inaccessible à ma nature contemplative. Et puis je me suis surprise à courir,un jour,comme ça spontanément sur la plage des Rosaires, un peu comme Forrest Gump. 100 mètres d’affilée, ce dont j’étais capable à l’époque.Puis 200, 500m, 1Km et un jour toute la plage…Plérin -Binic par le sentier des douaniers, l’euphorie !Et deux ans plus tard à 48 ans j’étais au départ de mon premier marathon…sans avoir compris encore, après quoi ou après qui je courais.
incapable de courir mais cela ne me dérange pas ( au contraire) moi, je suis tortue et le resterai . Je te souhaite une bonne année Maryk et peut-être te revoir un jour même en vert
« N’est-il pas réellement extraordinaire de voir que depuis le temps où l’Homme marche, personne ne se soit demander pourquoi il marche…… » H De Balzac
« Les pas que fait un homme, du jour de sa naissance à celui de sa mort dessinent dans le temps une figure inconcevable… J. L Borges
A l’occasion du centenaire d’un nombre improbable 14-18,
ma flânerie a conduit mes pas dans l’hémisphère Sud, dans l’Océan Indien. Mais oui, tu sais bien Maryk, sur une île qui fait bouillir les petites filles au court bouillon. Là, je recherchais le pirate qui avait enlevé les 7 beaux frères de mon grand-père paternel pendant la première guerre mondiale…J’ai bien écrit à la caserne des archives militaires à Pau pour demander leur numéro matricule, j’attends toujours leur réponse…
N.Le Lagadec
Mon grand père paternel est revenu vivant, lui… Le miroir des énigmes s’est endormi dans la forêt primaire sous des bambous géants. Le ciel fariné est descendu de la montagne pour te souhaiter de bonnes fêtes de Noël.
N.LL